La parole

La parole
Platon, Phèdre
Marivaux, Les fausses confidences
Verlaine, Romance sans paroles
Sommaire

Méthodologie 7
Dissertations sur la parole
Création littéraire et inconscient.................................................................................................... 49
La parole et l’homme.........................................................................................................................59
La parole et le sujet............................................................................................................................ 65
La parole en question.........................................................................................................................71
Nécessité de la parole........................................................................................................................ 77
La parole et la pensée........................................................................................................................ 83
Les limites de la parole....................................................................................................................... 93
Parole et dissimulation...................................................................................................................... 99
Paroles futiles et silences : un non langage ?........................................................................... 105
La parole : traduction ou trahison ?............................................................................................109
Parole, écriture et vérité...................................................................................................................115
La parole et l’image.......................................................................................................................... 121
La parole entre la diction et la véridiction................................................................................ 127
Paroles d’amour, amour de la parole.......................................................................................... 133
La parole et la guerre........................................................................................................................ 141
Parole et humanité........................................................................................................................... 147
Du langage de marivaux et de celui, actuel, des jeunes
de banlieues dans le film l’esquive............................................................................................ 169








I. Présentation : dans le Babel des langues
Qu’est devenu le langage édénique de la nature, ce « Royaume d’enfance » dit le poète Léopold
Sédar Senghor, que l’arrogance babélique a dévoyé en précipitant les hommes dans la confusion
des langues ? La parole, contrairement à la langue, est ce qui reste de ce fruit tombé de
l’Arbre défendu. Certaines voix ingénues la retrouvent : Phèdre, Arlequin, (acte II, scène 10),
le « poor young shepherd » du recueil verlainien, ou ceux qui feignent de l’être. Certes, cette
dispersion des langues favorisa aussi un enrichissement culturel grâce à la distance que ma
langue impose face à l’autre et moi-même. Les langues libèrent ainsi notre pensée de l’enchaînement
caverneux (Platon) des hommes autrement prisonniers des apparences et des
prétentions prosélytes. La langue est certes aspiration à la liberté, à l’appropriation de l’inconnu,
à l’émancipation grâce à un savoir varié, et par l’effort commun d’une mise en forme
grammaticale, oratoire, rhétorique (Bentolila, Le verbe contre la barbarie). Mais si le Verbe est
traditionnellement au commencement du monde (Évangile selon saint Jean) et « médiateur
de notre rapport à l’objet » (Maurice Merleau-Ponty, Sur la phénoménologie du langage), parler
n’est pas seulement le moyen d’une expression, un outil de la communication, mais « parole
partout parlante, tendue comme un fil d’or entre la douleur et l’apaisement » (Jean-Michel
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Méthodologie
Maulpoix, Du Lyrisme, Scholies). Communiquer nous placerait en effet au mieux devant la parole
comme devant un objet d’appropriation, d’usurpation, une technique, un système de signes
conventionnel, un pur outil de transmission dont les capacités manipulatrices et les chaînes
discursives réduiraient l’exploration, ramèneraient l’inconnu au connu. Parler, plutôt qu’écrire,
est davantage ce « bruissement » (Roland Barthes) qui nous échappe, enchante et dessaisit :
une « pensée sous la pensée » (Valère Novarina, Devant la parole) dont chacun fait l’expérience
sourde en son for intérieur – pensée ? bien plutôt coeur, âme, conscience, voix intérieure, daimôn
grec, enthousiasme et Eros mélancolique de l’acidiosus saturnien – avant même que toute
intention ou intellection ne naisse. Elle est donc ce mystère – logos, muthos – qui nous habite,
parabole donc détour qui nous parle par énigmes, par fragments et symboles, hypostase du
divin. Ni information, ni communication, ni persuasion ou expression ne semblent par voie
de conséquence préexister à cette faculté commune aux hommes dont les mouvements et
inconstances du coeur semblent garder, à la lecture de notre programme, la trace originelle
comme à « travers des forêts de symboles » (Baudelaire, Correspondances).
Tels sont les coordonnées d’un riche objet d’étude proposé à la réflexion des candidats scientifiques
aux Concours des grandes écoles pour l’année 2012-2013 à partir d’un thème qu’il
s’agit de penser pour en délimiter les contours : en quoi la parole se distingue-t-elle de ses
substituts ou corrélats, le langage, la langue, la communication, la persuasion, la manipulation,
l’information, la pensée ou encore l’expression ? D’où provient-elle, quelles sont ses ressources,
ses pouvoirs et ses manifestations ? De quoi nous parle la parole ? Qu’est-ce qui fait parler
les hommes ?
De Platon, Marivaux et Verlaine, au linguiste d’aujourd’hui qui ont intégré l’objet d’étude à leur
science du langage, de nombreux penseurs de la parole et maître du langage se sont évertués
d’en comprendre les origines et les pouvoirs. Aussi envisagent-ils cette manifestation du langage
non pas seulement comme un code constitué de signes qui creusent et prétendent combler
l’écart entre le mot et la chose selon la tradition philosophique classique (tels Descartes, Locke,
Hobbes par exemple, lesquels ne distinguent pas encore la parole de la langue), mais bel et bien
comme ce qui fait signe, met « hors de portée » (Philippe Jaccottet, À la lumière d’hiver), échappe
parfois à la référentialité, à la rationalité des approches mentalistes et d’homo faber. La parole
ouvre alors des brèches dans le « silence de l’être » (Karl Jaspers, Introduction à la philosophie).
Dans le cadre de l’apprentissage de la dissertation, le thème de cette année de CPGE permettra
donc sans nul doute de penser la parole afin également de la libérer, de mieux en comprendre
la puissance – puissance vitale donc amoureuse – grâce à quelques techniques dissertatives
et l’acquisition d’un tour de parole dialectique qui facilitent l’échange, mieux, le don que toute
parole suscite dans un monde aujourd’hui « devenu si fragile qu’il se reconstruira par l’intérieur »
à en croire le dramaturge contemporain Valère Novarina (Notre parole).


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